Si vous avez appris le HTML il y a quelques années, vous avez peut-être connu les évolutions successives : HTML 3.2, HTML 4, puis XHTML 1.0… jusqu’à l’arrivée du fameux HTML5. Alors, bientôt HTML6 ?
Aujourd’hui, le HTML5 est devenu une norme incontournable du web moderne. On l’utilise partout : dans les sites vitrines, les applications web, les jeux, les lecteurs multimédias et même dans les systèmes embarqués. Mais une question revient souvent, surtout chez les développeurs débutants ou curieux : quand sortira le HTML6 ?
La réponse est simple : jamais.
Et c’est une excellente nouvelle.
Nous allons comprendre pourquoi le HTML5 n’aura jamais de version 6, comment fonctionne désormais le concept de living standard (ou « norme vivante »), et pourquoi ce modèle est bien plus adapté à l’évolution rapide du web. Nous aborderons aussi les implications concrètes pour les développeurs, la sécurité du web moderne, et la manière dont les navigateurs appliquent aujourd’hui ces standards en continu.
- Retour sur l’histoire du HTML
- Qu’est-ce que le HTML5, vraiment ?
- Le concept du Living Standard
- Pourquoi le HTML5 n’aura jamais de version 6
- Exemple concret : les nouvelles fonctionnalités ajoutées sans version
- La logique de compatibilité et de sécurité
- Le rôle du WHATWG et du W3C : deux visions du web
- Comment le HTML évolue aujourd’hui
- Le Living Standard et la sécurité du web
- Le living standard côté développeur : un apprentissage continu
- Le HTML vivant et l’écosystème web moderne
- Une philosophie ouverte et collective
- Et si on imaginait un HTML6 ?
Retour sur l’histoire du HTML
Avant de parler du HTML5 et du concept de norme vivante ou living standard, il est essentiel de comprendre d’où nous venons.
Le HTML, ou HyperText Markup Language, est né au tout début des années 90, sous l’impulsion de Tim Berners-Lee, inventeur du World Wide Web. Son objectif était simple : permettre de structurer des documents pour qu’ils puissent être lus et reliés entre eux via des liens hypertextes.
Au fil des années, les versions du HTML se sont succédées :
- HTML 2.0 en 1995 a apporté les formulaires et les tableaux.
- HTML 3.2 a introduit de nouvelles balises pour le design, comme
<font>
ou<center>
. - HTML 4.01, sorti en 1999, a marqué une étape importante avec la séparation entre le contenu et la présentation (via le CSS).
- Enfin, XHTML 1.0, en 2000, a tenté de fusionner HTML et XML dans une approche plus stricte, mais cette transition a été un échec.
Pendant des années, le HTML a stagné. Le W3C (World Wide Web Consortium), chargé de la standardisation du langage, misait sur XHTML 2.0, une version incompatible avec les navigateurs existants. Pendant ce temps, les géants du web comme Mozilla, Opera et Apple voyaient bien que les besoins évoluaient : les développeurs utilisaient de plus en plus de JavaScript et de CSS pour compenser les limites du langage.
C’est ainsi qu’est né le WHATWG (Web Hypertext Application Technology Working Group), un groupe de travail indépendant, qui a décidé de reprendre le HTML là où le W3C l’avait laissé, et de l’adapter aux besoins réels du web.
Leur idée ? Créer une norme vivante et évolutive.
Qu’est-ce que le HTML5, vraiment ?
Le HTML5, apparu officiellement autour de 2014, n’est pas simplement une « mise à jour » du HTML4. C’est une refonte complète de la manière dont le web est pensé.
Le HTML5 a introduit :
- De nouvelles balises sémantiques comme
<header>
,<section>
,<article>
ou<footer>
. - Des balises multimédias natives :
<audio>
et<video>
. - De nouvelles API JavaScript : Canvas, Web Storage, WebSocket, WebGL, etc.
- Un modèle de sécurité amélioré avec des attributs comme
sandbox
,crossorigin
, etcontent-security-policy
.
Mais surtout, le HTML5 n’est plus une norme figée. C’est le dernier “numéro de version” officiel du langage. Depuis, le HTML évolue en continu, sans nouvelle version numérotée.
C’est là que commence la vraie révolution.
Le concept du Living Standard
Le terme living standard (ou norme vivante) désigne un standard en évolution constante, mis à jour en temps réel selon les besoins du web et les avancées techniques.
Au lieu d’attendre plusieurs années pour publier une nouvelle version majeure, les évolutions du langage sont intégrées progressivement, au fil du temps. Ainsi, chaque navigateur peut adopter les nouvelles fonctionnalités au fur et à mesure, sans attendre une hypothétique « version 6 ».
Le WHATWG maintient aujourd’hui une seule version du HTML, appelée HTML Living Standard. Cette norme n’est jamais « terminée » : elle s’adapte continuellement aux réalités du web.
Concrètement, cela signifie que si une nouvelle balise, un nouvel attribut ou une nouvelle API est proposé, il peut être ajouté rapidement après discussion et validation par la communauté.
Pourquoi le HTML5 n’aura jamais de version 6
Le HTML n’aura pas de version 6, car il n’en a plus besoin. Les anciennes versions du langage suivaient un modèle de développement « classique » :
- une version était écrite,
- publiée,
- figée,
- puis remplacée par une nouvelle version quelques années plus tard.
Ce système avait plusieurs inconvénients :
- Les évolutions mettaient des années à arriver.
- Les navigateurs prenaient du retard dans leur implémentation.
- Les développeurs devaient constamment réapprendre ou adapter leur code.
Aujourd’hui, tout cela a changé. Le modèle du living standard permet une évolution continue et fluide, sans rupture ni version majeure.
Imaginez que le HTML soit un organisme vivant : il s’adapte, évolue, apprend, et corrige ses erreurs au fil du temps. C’est exactement ce qu’il est devenu.
Les navigateurs comme Chrome, Firefox, Edge et Safari suivent directement cette norme vivante. Ainsi, lorsque le WHATWG met à jour la spécification (par exemple pour ajouter un nouvel attribut ou corriger un comportement), les navigateurs peuvent adopter ce changement presque immédiatement.
Exemple concret : les nouvelles fonctionnalités ajoutées sans version
Prenons un exemple simple : l’attribut loading="lazy"
.
Cet attribut, ajouté à la balise <img>
, permet de retarder le chargement des images tant qu’elles ne sont pas visibles à l’écran. C’est un gain énorme en performance et en économie de bande passante.
Exemple :
<img src="photo.jpg" alt="Photo de paysage" loading="lazy">
Avant, ce type de fonctionnalité aurait nécessité une nouvelle version du HTML.
Aujourd’hui, elle a simplement été ajoutée à la norme vivante, et adoptée par les navigateurs.
Un autre exemple est l’attribut autocomplete="off"
pour les champs de formulaires, ou encore la balise <dialog>, qui permet de créer facilement des fenêtres modales :
<dialog id="maBoite">
<p>Voulez-vous continuer ?</p>
<button onclick="maBoite.close()">Fermer</button>
</dialog>
<script>
document.getElementById('maBoite').showModal();
</script>
Ces évolutions ne nécessitent plus de version « HTML6 », « HTML7 » ou autre. Elles s’intègrent naturellement au langage, sans casser le code existant.
La logique de compatibilité et de sécurité
Un autre avantage majeur du modèle vivant réside dans la compatibilité ascendante. Les anciens codes HTML continuent de fonctionner, même plusieurs décennies plus tard. Cela garantit la pérennité du web : un site écrit en 2005 reste consultable aujourd’hui.
Mais cette compatibilité doit cohabiter avec des impératifs de sécurité. C’est pourquoi les nouvelles fonctionnalités sont toujours pensées pour ne jamais compromettre la sécurité des utilisateurs.
Par exemple, certaines balises sont volontairement restreintes ou modifiées pour éviter les abus. L’attribut sandbox
sur les <iframe>
en est un bon exemple :
<iframe src="https://exemple.com" sandbox></iframe>
Ici, la balise iframe est « enfermée » dans un environnement sécurisé. Elle ne peut pas exécuter de script, ni interagir avec la page principale, sauf si vous l’autorisez explicitement.
Le modèle vivant permet d’ajuster ces règles au fil du temps, sans attendre une nouvelle version complète du langage.
Le rôle du WHATWG et du W3C : deux visions du web
Pendant longtemps, le W3C (World Wide Web Consortium) a été l’unique organisation chargée de définir les standards du web. C’est lui qui a normalisé le HTML 4, le CSS, le DOM, et de nombreuses technologies que nous utilisons encore aujourd’hui.
Mais au début des années 2000, le W3C a commis une erreur stratégique :
il a décidé d’abandonner le HTML pour se concentrer sur XHTML 2.0, une version strictement XML, non compatible avec les anciens navigateurs.
Pendant ce temps, les développeurs du web vivaient une autre réalité. Ils avaient besoin d’un langage simple, compatible, et en phase avec les pratiques modernes : AJAX, JavaScript, APIs, applications interactives.
C’est alors que plusieurs acteurs majeurs — Mozilla, Opera et Apple — ont créé le WHATWG (Web Hypertext Application Technology Working Group) en 2004. Leur but était de reprendre le HTML là où le W3C l’avait abandonné, en créant un standard moderne et flexible : le HTML5.

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Découvrez mes formations Qui suis-je ?À partir de ce moment, deux versions du HTML ont cohabité :
- Celle du W3C, basée sur un modèle de norme figée (HTML5 en 2014).
- Celle du WHATWG, basée sur une norme vivante, mise à jour en continu.
Pendant plusieurs années, cette dualité a créé de la confusion. Mais en 2019, un accord historique a mis fin à la rivalité : le W3C et le WHATWG ont signé un partenariat officiel pour reconnaître le WHATWG comme source unique et officielle du standard HTML.
Depuis ce jour, il n’y a plus de HTML6, ni de HTML futur : il y a simplement le HTML vivant, mis à jour chaque semaine.
Comment le HTML évolue aujourd’hui
Contrairement à une idée reçue, le HTML n’est pas figé depuis 2014. Chaque mois, de nouvelles fonctionnalités sont proposées, testées et parfois intégrées à la spécification.
Voici comment se déroule le processus :
- Une idée naît : un développeur, une entreprise ou un navigateur propose une amélioration.
- La communauté discute : les membres du WHATWG analysent la proposition, débattent de sa pertinence, de sa compatibilité et de son impact sur la sécurité.
- Un test est implémenté dans un navigateur, souvent derrière un “flag expérimental”.
- Si les retours sont positifs, la spécification est mise à jour dans le living standard.
Ce modèle permet une agilité incomparable. Prenons l’exemple de la balise <template>, apparue discrètement dans la spécification avant même d’être largement adoptée :
<template id="carte-produit">
<div class="produit">
<h3></h3>
<p></p>
</div>
</template>
<script>
const template = document.getElementById('carte-produit');
const clone = template.content.cloneNode(true);
clone.querySelector('h3').textContent = 'Clavier mécanique';
clone.querySelector('p').textContent = 'Switchs rouges silencieux';
document.body.appendChild(clone);
</script>
Cette balise n’a jamais fait partie d’une “nouvelle version” de HTML. Elle a simplement été ajoutée, testée, puis adoptée par tous les navigateurs.
Grâce à ce système, le web avance de manière fluide, sans rupture technologique.
Le Living Standard et la sécurité du web
Le modèle du living standard n’est pas seulement une question d’évolution technique.
Il a aussi profondément changé la manière dont la sécurité du web est gérée.
Avant, lorsqu’une faille était découverte dans une fonctionnalité du HTML, il fallait attendre la prochaine version de la norme pour corriger le problème. Aujourd’hui, les correctifs peuvent être intégrés directement dans la spécification, parfois en quelques jours.
Prenons un exemple concret : la politique de sécurité du contenu (CSP, ou Content Security Policy). Cette technologie repose sur une série d’en-têtes HTTP et d’attributs HTML permettant de contrôler ce qu’un site web est autorisé à exécuter.
Par exemple, l’attribut referrerpolicy
sur une balise <a>
ou <img>
permet de maîtriser les informations transmises lors des requêtes :
<a href="https://exemple.com" referrerpolicy="no-referrer">Lien sécurisé</a>
Ce type d’ajout dans la norme améliore directement la protection des données des utilisateurs, sans casser le fonctionnement du web existant.
De la même façon, l’attribut crossorigin
sur <img>
, <script>
ou <link>
limite les interactions entre domaines différents :
<script src="https://cdn.exemple.com/script.js" crossorigin="anonymous"></script>
Toutes ces évolutions sécuritaires sont rendues possibles parce que le HTML est un standard vivant. Elles n’attendent plus une nouvelle “grosse version”, elles s’appliquent dès qu’elles sont prêtes.
Le living standard côté développeur : un apprentissage continu
Le fait que le HTML soit vivant change aussi la façon dont nous, développeurs, devons apprendre et nous tenir à jour.
Autrefois, on apprenait le “HTML5” comme une version figée : un ensemble de balises et de règles. Aujourd’hui, il est plus juste de dire que l’on apprend le HTML moderne, c’est-à-dire un langage en perpétuelle évolution.
Cela ne veut pas dire qu’il faut tout réapprendre chaque semaine, mais plutôt qu’il faut adopter une culture de veille.
Les sources officielles sont aujourd’hui les meilleurs endroits pour suivre les nouveautés.
Par exemple, des balises comme <dialog>, <details> ou <summary> ont mis des années à être adoptées, mais sont aujourd’hui des standards fiables, utilisables sans JavaScript complexe :
<details>
<summary>Afficher les détails</summary>
<p>Voici un texte caché par défaut, révélé à la demande de l’utilisateur.</p>
</details>
Le living standard incite donc à apprendre en continu, sans attendre une grande version officielle.
Le HTML vivant et l’écosystème web moderne
L’un des plus grands avantages du modèle vivant est sa coopération avec les autres standards du web : CSS, JavaScript, Web Components, WebAssembly, etc.
Tous ces langages avancent désormais ensemble, selon une philosophie commune : des évolutions progressives, testées et adoptées de manière coordonnée.
Par exemple, les Custom Elements (balises personnalisées) sont le fruit de cette collaboration entre HTML, JavaScript et le DOM.
<ma-carte-produit></ma-carte-produit>
<script>
class CarteProduit extends HTMLElement {
connectedCallback() {
this.innerHTML = `<h3>Produit A</h3><p>Description...</p>`;
}
}
customElements.define('ma-carte-produit', CarteProduit);
</script>
Ce type de fonctionnalité aurait été inimaginable avec une norme figée. Aujourd’hui, elle est intégrée naturellement, à mesure que le web évolue.
Le HTML devient donc un socle commun, sur lequel s’appuient des technologies interconnectées. Le living standard permet à ce socle d’être constamment ajusté, sans jamais perdre sa stabilité.
Une philosophie ouverte et collective
Le web n’appartient à personne. C’est une invention collective, une infrastructure ouverte, où chacun — entreprise, développeur, chercheur ou simple utilisateur — peut proposer des améliorations.
C’est cette philosophie qui se reflète dans le modèle du living standard. Les discussions sont publiques, les propositions ouvertes, et les décisions se prennent par consensus.
Le but n’est plus de sortir “une grande version” tous les dix ans, mais de construire un web qui s’améliore chaque jour. Cela rejoint parfaitement l’esprit d’origine du web : un espace libre, collaboratif et en perpétuelle évolution.
Et si on imaginait un HTML6 ?
Pour conclure ce voyage, posons une dernière question : Que se passerait-il si quelqu’un décidait de créer un HTML6 ?
La réponse est simple : ce serait inutile, voire dangereux. Car toute tentative de figer une version majeure créerait une rupture dans la compatibilité, un frein dans l’évolution, et une confusion inutile.
Le HTML6 serait obsolète dès sa sortie. Le web, lui, continuerait d’évoluer, jour après jour, grâce au modèle vivant.
Un web vivant, durable et sûr
Le HTML5 n’aura jamais de version 6, et c’est sans doute l’une des meilleures décisions de l’histoire du web.
Ce changement marque une évolution profonde dans notre manière de concevoir la technologie : plutôt que d’attendre des révolutions ponctuelles, nous vivons désormais dans un web évolutif, souple et sécurisé, où les améliorations se diffusent naturellement.
Le living standard offre une stabilité aux développeurs, une meilleure sécurité aux utilisateurs, et une liberté d’innovation à la communauté mondiale du web.
Le HTML est devenu un langage vivant, comme le web lui-même. Et tant qu’il vivra, nous n’aurons plus besoin de version html6.