Il existe des sujets qui donnent immédiatement envie de se plonger dedans, comme si l’on ouvrait une porte dérobée vers les coulisses d’Internet. L’OSINT, qui signifie Open Source Intelligence, fait partie de ceux-là. Derrière ce nom qui peut sembler intimidant se cache pourtant une démarche étonnamment simple : apprendre à trouver, analyser et comprendre des informations librement accessibles en ligne. Aujourd’hui, l’I.A vient bouleverser cette discipline d’enquête en ligne, en transformant la manière dont nous cherchons et connectons les données.
- Comprendre comment l’I.A peut vous faire gagner un temps considérable dans vos enquêtes en ligne et vous aider à repérer rapidement les incohérences.
- Savoir utiliser les outils OSINT assistés par I.A pour analyser des images, des textes ou des profils sans connaissances techniques préalable.
- Développer les bons réflexes pour enquêter de manière fiable, responsable et éviter les erreurs fréquentes qui piègent les débutants.
Dans ce chapitre, je vous propose d’explorer tranquillement ce monde fascinant, même si vous débutez totalement. Vous verrez que l’on peut mener une enquête en ligne sérieuse et structurée, sans être enquêteur privé, hacker, ou expert en cybersécurité. Il suffit d’un peu de méthode, des bons outils, et d’une touche de curiosité.
Au fil de cette lecture, nous allons découvrir comment l’I.A dédiée à l’OSINT simplifie les recherches, comment elle peut faire gagner un temps précieux, mais aussi quels réflexes adopter pour enquêter efficacement et de façon responsable. Je vous réserve également quelques exemples concrets et plusieurs outils d’I.A spécialisés. Installez-vous confortablement, on démarre.
- L’OSINT, c’est quoi exactement ?
- Mettre en place votre enquête OSINT avec l’aide de l’I.A. Avant tout : définir votre objectif
- Observer les comptes, profils et traces numériques
- Exemples d’outils OSINT utilisant l’I.A
- Analyser des images et photos grâce à l’I.A au service de l’OSINT
- La géolocalisation d’images grâce à l’I.A
- L’I.A et l’analyse de texte dans une enquête OSINT
- Exemple d’enquête OSINT complète avec I.A : une histoire fictive
- Les limites et risques de l’I.A dans une enquête OSINT – L’I.A est puissante… mais loin d’être infaillible
- Les responsabilités légales et éthiques en OSINT assisté par I.A : Enquêter, oui. Mais ne pas espionner.
- Construire une procédure simple
- Construire votre propre enquête OSINT assistée par I.A : un guide pas-à-pas pour débutants
- Exemple complet : enquête fictive sur un faux profil LinkedIn grâce à l’I.A
- Comment progresser en OSINT avec l’I.A : état d’esprit, conseils et bonnes pratiques
- Enquêter avec l’I.A, c’est apprendre à mieux regarder le monde numérique
L’OSINT, c’est quoi exactement ?
Lorsque l’on parle d’OSINT, beaucoup imaginent des opérations secrètes menées depuis une pièce sombre remplie d’écrans. En réalité, c’est bien plus terre-à-terre. L’OSINT repose exclusivement sur la collecte d’informations publiques. Cela inclut des contenus publiés volontairement par les utilisateurs, des données accessibles sans intrusion, ou encore des archives numériques disponibles librement.
Si l’on devait résumer, l’OSINT consiste à mettre de l’ordre dans un océan d’informations. Cela peut être pour vérifier l’origine d’une photo, comprendre la trajectoire d’un individu, analyser l’activité d’une entreprise, identifier l’auteur d’une arnaque ou encore enquêter sur une rumeur virale. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas réservé aux services de renseignement. De nombreux journalistes l’utilisent au quotidien, beaucoup de chercheurs aussi, et de plus en plus de particuliers s’y intéressent pour se protéger ou simplement répondre à une question précise.
Pourquoi l’OSINT explose aujourd’hui ?
La réponse tient en deux éléments simples : Internet et l’I.A.
Internet a multiplié les traces numériques. Chaque interaction laisse une empreinte, parfois invisible à nos yeux mais réutilisable dans une enquête si l’on sait où regarder. L’I.A, elle, s’est glissée dans cette équation en facilitant un travail autrefois très chronophage : trier, analyser, classifier, comparer, vérifier.
Avant l’I.A, un enquêteur OSINT devait parfois passer des heures à parcourir des archives d’images, à vérifier des profils un par un, à recouper les données manuellement. Aujourd’hui, certains outils le font en quelques secondes, et permettent de se concentrer sur la réflexion plutôt que sur la mécanique.
L’I.A change-t-elle vraiment la manière d’enquêter ?
Oui, profondément. Mais elle ne remplace pas l’humain. Elle est surtout devenue un partenaire de recherche. Les modèles spécialisés OSINT savent reconnaître des visages sur plusieurs plateformes, repérer des liens entre comptes, traduire des contenus instantanément, analyser des photos pour repérer des détails invisibles à l’œil nu, ou encore faire des résumés thématiques de milliers de lignes de conversations.
Imaginez que vous deviez retrouver l’origine d’une photo circulant sur plusieurs réseaux. Sans I.A, vous auriez dû l’envoyer manuellement dans plusieurs reverse-image search, faire des comparaisons, puis analyser les résultats un par un. Avec certains outils I.A dédiés, vous uploadez l’image, l’outil compare automatiquement sur une dizaine de bases de données, filtre les correspondances, élimine les faux-positifs et sort un rapport clair.
Mettre en place votre enquête OSINT avec l’aide de l’I.A. Avant tout : définir votre objectif
Une enquête OSINT démarre toujours par une question simple. Trop souvent, les débutants veulent tout vérifier, tout explorer, et finissent noyés sous les informations. L’I.A peut trier, mais elle ne peut pas décider pour vous ce qui est pertinent si vous ne lui donnez pas un cadre clair.
Votre objectif peut être très varié. Par exemple :
- Identifier si un profil est réel ou fictif
- Retrouver l’origine d’un message viral
- Vérifier qu’une entreprise existe réellement avant une collaboration
- Détecter une usurpation d’identité
- Analyser un réseau de comptes liés à une campagne d’arnaques
Une fois votre question définie, vous pouvez commencer à préparer le terrain.
Centraliser les informations : première étape pratique
Lorsque vous enquêtez, vous allez accumuler différents types de données. Noms, pseudos, URLs, captures d’écrans, dates, descriptions… Vous verrez vite que tout se mélange. L’un des meilleurs usages de l’I.A dans l’OSINT est d’agir comme secrétaire numérique.
Certains outils permettent d’ingérer vos notes, vos liens, vos images, puis de classifier automatiquement les informations. Ils repèrent les éléments récurrents, proposent des regroupements intelligents, et identifient les pistes incohérentes. C’est extrêmement utile, surtout lorsque l’enquête dure plusieurs jours.
Un journaliste d’un média indépendant expliquait qu’en 2019, il avait passé près d’un mois à enquêter sur un groupe suspect sur Telegram. Il avait constitué un dossier énorme, rempli d’images, d’adresses, d’extraits de discussions. Il avouait qu’à l’époque, il avait perdu un temps fou rien que pour organiser les données. Aujourd’hui, il confiait qu’avec l’I.A, ce travail de tri lui aurait pris une heure.
Observer les comptes, profils et traces numériques
C’est sans doute la partie la plus concrète. Lorsqu’on enquête sur une personne ou un groupe, il faut commencer par l’extérieur : le visible. L’I.A dédiée à l’OSINT excelle dans cette approche, car elle est capable de détecter des motifs que nous manquons.
Pour un compte social, elle peut analyser :
- La date de création
- Le rythme de publication
- Le style d’écriture
- Les images réutilisées
- Les incohérences temporelles
- Les liens entre pseudonymes
Pour un site web, elle peut identifier :
- Les technologies utilisées
- Le pays probable d’hébergement
- Les métadonnées cachées
- Les relations entre domaines
Lorsque ces informations sont réunies, l’I.A peut en dégager des pistes : activité anormale, éléments automatisés, incohérences géographiques, etc.
Exemples d’outils OSINT utilisant l’I.A
Sensity A.I
Sensity (anciennement Deeptrace) est l’un des outils OSINT les plus impressionnants. Il utilise l’I.A pour repérer les deepfakes, identifier les manipulations vidéo, et analyser les campagnes de désinformation. Il est particulièrement utilisé par les journalistes et les ONG.
Cas d’usage : vérifier si une vidéo circulant sur Facebook a été modifiée ou si elle provient réellement de la scène qu’elle prétend montrer.
IntelX A.I Search
IntelX est une plateforme OSINT complète, et l’un de ses modules repose sur l’I.A pour analyser des millions de données venant du dark web, du web classique et des archives. Elle aide à identifier une fuite d’informations, repérer une adresse mail compromise ou retrouver des comptes associés à une même identité.
Cas d’usage : vérifier si votre adresse e-mail apparaît dans une fuite, avec quels mots de passe associés, et sur quels forums.
Blackbird A.I
Blackbird est spécialisée dans l’analyse comportementale et la détection de réseaux de comptes suspects. L’I.A y repère les modèles d’écriture, les automatismes, la structure des interactions, et identifie les comptes potentiellement coordonnés.
Cas d’usage : repérer une campagne de trolling coordonnée autour d’un hashtag.
PimEyes et FaceCheck
Ces outils utilisent la reconnaissance faciale assistée par I.A pour retrouver des correspondances d’un visage sur Internet. Ils fonctionnent comme un moteur de recherche par image, mais version humaine.
Cas d’usage : vérifier si une personne réutilise la même photo sur plusieurs réseaux ou si une image a été utilisée sans son consentement.
Analyser des images et photos grâce à l’I.A au service de l’OSINT
Il y a dix ans, les enquêtes OSINT portaient surtout sur des textes et des profils. Aujourd’hui, ce sont les images qui dominent. On partage des captures, des vidéos, des photos retouchées ou sorties de leur contexte. L’I.A a justement révolutionné cette dimension, en permettant de décortiquer une image en quelques secondes, même si l’on n’a aucune formation technique.
L’idée est simple : une photo contient beaucoup plus d’informations qu’on ne l’imagine. Un reflet dans une vitre, un panneau à moitié flou, une ombre un peu trop longue… autant de micro-indices que notre regard ne remarque pas spontanément. L’I.A, elle, ne fatigue pas, ne survole rien, et compare chaque détail avec des millions de données visuelles existantes.
Les métadonnées : un trésor parfois oublié
Lorsque vous prenez une photo avec votre smartphone, celui-ci enregistre silencieusement ce qu’on appelle des métadonnées EXIF. Elles contiennent plusieurs éléments : la date exacte, le modèle de l’appareil, parfois la position GPS, et même les réglages de prise de vue.
Ces données ne sont pas toujours présentes, car certaines plateformes les effacent pour des raisons de confidentialité. Mais quand elles sont encore là, l’I.A peut les analyser instantanément et les relier intelligemment au reste de votre enquête. Elle peut par exemple vérifier si une photo prétendant dater de 2017 n’a en réalité été prise qu’en 2021, ou si la localisation annoncée correspond bien à celles enregistrées dans le fichier.
L’analyse visuelle avancée
Les modèles d’I.A spécialisés en OSINT savent détecter des détails que vous n’auriez probablement jamais remarqués. Ils reconnaissent des types d’architectures régionales, comparent des paysages à des bases cartographiques, identifient des objets rares, repèrent des logos floutés, ou même analysent la météo visible sur la photo.
Par exemple, lors d’une enquête imaginaire sur un restaurant suspect, l’I.A peut détecter un type précis de panneau routier au fond de l’image. Un simple panneau devient alors un indice géographique, car certains pays n’utilisent pas les mêmes formes, couleurs ou symboles.
Dans un autre cas, on peut analyser l’ombre d’un bâtiment pour estimer l’heure approximative de la journée. Une personne malintentionnée qui souhaite faire croire qu’une scène s’est déroulée le soir peut se faire démasquer par un jeu d’ombres incompatible avec l’heure annoncée.
Exemples d’outils d’analyse d’images
Pour illustrer concrètement, voici plusieurs outils d’I.A utilisés en OSINT pour décortiquer les images :
Hugin I.A Visual Analyzer
Il analyse les objets présents dans une photo, repère les marques, les modèles, les formes géométriques et propose plusieurs probabilités géographiques. Il peut également détecter les signatures d’images manipulées.
Mapillary + I.A GeoGuessing Engine
Ce système compare les images fournies avec des millions de photos street-view communautaires, afin d’estimer où la scène a été prise. Certains enquêteurs arrivent ainsi à géolocaliser des lieux en quelques secondes.
Forensically I.A
Un outil très complet pour détecter les retouches, les collages, les zones clonées et les modifications suspectes. Il utilise des algorithmes d’I.A pour repérer des irrégularités invisibles à l’œil nu.
La géolocalisation d’images grâce à l’I.A
La géolocalisation est souvent l’étape la plus impressionnante d’une enquête OSINT. Trouver l’endroit précis où une photo a été prise, sans rien connaître du lieu, semble presque magique la première fois. Et pourtant, avec un peu de méthode et une dose d’I.A, cela devient accessible au grand public.
L’I.A peut analyser des éléments tels que :
- l’architecture des bâtiments,
- les types de lampadaires,
- les marquages au sol,
- les montagnes visibles en arrière-plan,
- les langues présentes sur les panneaux,
- la flore locale,
- les reliefs du terrain.
L’ensemble de ces détails sont comparés à des millions d’images géolocalisées, ce qui permet de dégager une estimation de plus en plus précise.
Exemple concret : géolocaliser une photo d’un profil suspect
Imaginons que vous enquêtiez sur un compte douteux prétendant être basé à Lyon. Vous récupérez une image publiée en story où l’on voit une rue, un lampadaire, un panneau de vitesse et un balcon. Vous la donnez à un outil d’I.A spécialisé.
Celui-ci remarque que :
- le panneau correspond à un modèle utilisé en Espagne, et non en France,
- la végétation ressemble à celle des régions méditerranéennes,
- le lampadaire est typique d’une ville proche de Barcelone.
En quelques secondes, l’outil vient de démontrer une incohérence flagrante entre la localisation annoncée et la réalité de l’image. Vous n’avez pas encore trouvé toutes les réponses, mais vous savez maintenant que la piste Lyon n’est probablement pas la bonne.
C’est exactement ce genre d’analyses qui a permis, par le passé, de débusquer certains réseaux d’arnaques ou des influenceurs utilisant de fausses localisations pour simuler un style de vie.
L’I.A et l’analyse de texte dans une enquête OSINT
Dans une enquête OSINT, un texte n’est jamais juste un texte. Il raconte des choses visibles, mais aussi des informations beaucoup plus subtiles. Avant l’émergence de l’I.A, analyser le style d’écriture, reconnaître des patterns ou comparer plusieurs auteurs relevait presque du travail d’expert.
Aujourd’hui, les outils d’I.A savent :
- repérer les tics d’écriture,
- analyser la manière dont une personne ponctue ses phrases,
- détecter la nationalité probable d’un auteur,
- révéler des incohérences temporelles,
- comparer des messages pour vérifier s’ils viennent de la même main.
Détecter les faux comptes ou les messages automatisés
Lorsqu’un texte provient d’un bot ou d’un faux compte, plusieurs indices linguistiques permettent de le repérer. Par exemple, un rythme de publication trop régulier, un vocabulaire répétitif, ou une absence totale de variations dans la structure des phrases. L’I.A sait repérer ces signaux faibles en quelques millisecondes.
C’est particulièrement utile sur les réseaux où les campagnes d’arnaques ou de manipulation utilisent désormais des dizaines de faux comptes coordonnés. L’I.A peut trier, filtrer, isoler les messages naturels des messages automatisés, et identifier des clusters d’activités suspectes.
Traduire, résumer, comparer
L’I.A est un formidable assistant linguistique. Supposons que vous enquêtiez sur une discussion Telegram rédigée dans un mélange de russe, d’arabe et d’anglais. Vous pourriez passer des heures à traduire les messages un par un. Avec l’I.A, ce travail se résume à une commande. Non seulement l’outil traduit, mais il peut aussi résumer, classer par thème ou identifier les messages les plus importants.
Exemple d’enquête OSINT complète avec I.A : une histoire fictive
Pour rendre tout cela concret, je vous propose une enquête fictive inspirée de cas réels. Elle permettra de voir comment l’I.A intervient à chaque étape.
Le point de départ : un e-mail suspect
Vous recevez un e-mail d’une personne prétendant être un entrepreneur qui souhaite collaborer avec vous. Son message est flatteur, mais le ton paraît un peu trop générique. Vous hésitez. Avant de répondre, vous décidez de mener une enquête OSINT rapide, assistée de l’I.A.
Vous commencez par analyser l’adresse e-mail via un outil comme IntelX. L’I.A vous indique immédiatement que cette adresse apparaît dans deux anciennes fuites de données. Rien d’illégal, mais déjà une première alerte.
Recherche du domaine
Vous examinez ensuite l’adresse du site qu’il mentionne dans son message. L’I.A vous révèle que le domaine a été créé seulement une semaine plus tôt, ce qui est rarement compatible avec une entreprise « bien établie depuis plusieurs années », comme la personne le prétendait.
En comparant les images du site, l’I.A détecte qu’elles proviennent de banques d’images publiques. Rien de criminel en soi, mais encore une incohérence.
Recherche sur les réseaux sociaux
Vous prenez le nom du dirigeant fourni dans le message et le donnez à un outil comme Blackbird A.I. L’outil repère que trois comptes sociaux utilisant ce même nom partagent des photos identiques, mais avec des localisations contradictoires : une fois à Lisbonne, une autre à Montréal, et une troisième à Singapour.
Pior encore, l’I.A reconnaît que l’une des photos est issue d’un profil d’un mannequin sur Instagram.
Analyse des textes
Vous comparez ensuite le message reçu avec d’autres messages publiés sur un forum, où un utilisateur avait signalé une tentative d’arnaque identique. L’I.A détecte un style d’écriture très proche : mêmes tournures, mêmes temps verbaux, même manière de terminer les phrases.
La conclusion s’impose : il s’agit probablement d’une approche frauduleuse. Votre enquête a duré moins de 30 minutes, grâce à l’I.A OSINT qui a effectué la majorité des analyses.
Les limites et risques de l’I.A dans une enquête OSINT – L’I.A est puissante… mais loin d’être infaillible
Il serait tentant d’imaginer que l’I.A est capable de tout résoudre, comme si l’on disposait d’un super-assistant omniscient. Dans les faits, elle se trompe. Parfois même de façon spectaculaire. L’I.A se base sur des probabilités, sur la comparaison, et sur des modèles. Ce qui signifie que, dans certains cas, elle peut surévaluer une piste, ou associer deux éléments qui n’ont en vérité aucun rapport.
Prenons un exemple classique : la reconnaissance d’image. Il arrive que des outils confondent deux lieux très similaires, deux objets dont la forme rappelle un autre, ou deux visages ayant un air de famille. Un enquêteur débutant pourrait croire le résultat aveuglément, et partir dans une mauvaise direction.
Il faut retenir une règle simple : l’I.A donne des indices, mais c’est votre regard humain qui valide la cohérence.
Les faux positifs : une erreur fréquente
Un faux positif, c’est quand un outil vous affirme avec conviction qu’un élément correspond à votre recherche… alors que ce n’est pas le cas. Cela arrive souvent dans :
- la reconnaissance faciale,
- la recherche d’images inversées,
- l’analyse des métadonnées,
- les corrélations de comptes sociaux.
Par exemple, lors d’une enquête fictive, l’I.A peut trouver un visage ressemblant à la personne recherchée sur un site obscur. Si l’on manque d’expérience, on pourrait croire qu’il s’agit de la même personne… alors que ce n’est qu’une ressemblance.
C’est pourquoi les enquêteurs professionnels répètent souvent la même phrase :
« L’I.A accélère, mais ne remplace pas la vérification humaine. »
L’effet de bulle : un piège subtil
Lorsqu’on utilise un outil d’I.A qui classe automatiquement les informations, il peut parfois regrouper des données selon une logique interne qui vous échappe. On parle d’effet de bulle. L’I.A crée des catégories, puis vous incite à les suivre, même si ces catégories ne correspondent pas à la réalité de terrain.
C’est un peu comme si l’on vous montrait un puzzle avec certaines pièces déjà assemblées. Naturellement, vous aurez tendance à croire que cette forme préassemblée est correcte, alors qu’elle ne l’est peut-être pas.

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Imaginons que vous pensiez qu’un profil suspect provient d’Europe de l’Est. Si vous donnez cette hypothèse dès le départ à l’I.A, elle risque d’interpréter tous les résultats dans ce sens, même si la réalité est différente. C’est ce qu’on appelle un biais de confirmation.
Le meilleur réflexe consiste à :
- ne jamais influencer l’I.A avec vos hypothèses personnelles,
- préférer des formulations neutres,
- croiser les résultats avec au moins un autre outil.
L’OSINT demande parfois de la patience et un certain recul, même lorsqu’on utilise l’I.A de manière intensive.
Les responsabilités légales et éthiques en OSINT assisté par I.A : Enquêter, oui. Mais ne pas espionner.
L’OSINT repose sur une règle fondamentale : ne collecter que des informations accessibles publiquement, sans contourner la loi. Ce n’est pas de la surveillance, ce n’est pas de l’intrusion, ce n’est pas du piratage. On n’entre pas dans des comptes privés, on n’utilise pas de logiciels illégaux, on ne casse pas de mots de passe.
L’I.A facilite énormément les recherches. Mais elle ne donne pas le droit d’aller plus loin que la loi ne le permet. Certains outils peuvent analyser des gigantesques bases de données issues de fuites, ce qui n’est pas toujours légal dans tous les pays. En France, le cadre juridique est relativement strict. On peut consulter des informations publiées volontairement, mais pas des données volées.
Le respect de la vie privée
C’est un point essentiel. L’OSINT peut devenir intrusif si l’on ne fait pas attention, car beaucoup d’informations sont disponibles en ligne. En tant qu’enquêteur amateur ou professionnel, il faut garder en tête que derrière chaque pseudo, chaque photo, chaque message… se trouve une personne réelle.
L’I.A peut dresser des profils extrêmement détaillés sans que la personne concernée en ait conscience. L’éthique s’impose donc comme une boussole. On enquête pour se protéger, pour vérifier, pour comprendre, mais jamais pour nuire ou harceler.
Si vous enquêtez par curiosité malsaine ou dans le but de blesser quelqu’un, vous quittez le domaine de l’OSINT pour entrer dans celui des usages abusifs. Et l’I.A amplifie ce risque.
La transparence des résultats
Lorsqu’un outil d’I.A fournit une analyse ou une corrélation, il est important d’être transparent sur la manière dont vous utilisez cette information. Si vous devez transmettre un rapport, si vous discutez d’un résultat, ou si vous publiez des conclusions, précisez toujours que l’I.A peut se tromper.
C’est un réflexe professionnel, mais accessible à tous.
Construire une procédure simple
Beaucoup de débutants pensent qu’il faut connaître des centaines de techniques. En réalité, une enquête efficace repose souvent sur quatre étapes :
- définir une question claire,
- collecter les données visibles,
- analyser ces données avec l’I.A,
- vérifier manuellement les résultats.
Ce cycle se répète naturellement tant que l’enquête avance. Ce n’est pas spectaculaire, mais terriblement efficace.
Savoir poser les bonnes questions à l’I.A
L’un des points les plus importants pour devenir bon en OSINT assisté par I.A est d’apprendre à formuler correctement ses instructions. Une bonne question peut faire gagner une heure, parfois plus. L’I.A n’est pas magicienne : elle suit votre intention.
Prenons deux exemples. Mauvaise formulation : « Analyse cette photo. »
Bonne formulation : « Analyse cette photo et identifie les éléments qui pourraient indiquer une région ou un pays précis. Compare-les avec des bases d’images publiques. Présente les résultats par ordre de probabilité. »
Dans le deuxième cas, vous orientez l’I.A vers l’objectif réel, sans lui donner votre hypothèse. Vous gardez ainsi un regard neutre.
Toujours croiser les outils
Il est extrêmement rare qu’un seul outil suffise. Les enquêteurs professionnels utilisent souvent entre cinq et dix plateformes différentes. Les amateurs peuvent commencer plus modestement, mais le principe reste le même : plus vous croisez les résultats, plus votre enquête est fiable.
Par exemple, si vous recherchez l’origine d’une image, vous pouvez :
- utiliser un outil d’I.A pour un premier niveau d’analyse,
- faire une recherche inversée classique sur plusieurs moteurs,
- vérifier manuellement les détails géographiques visibles,
- comparer les résultats.
Ce travail peut sembler long, mais l’I.A vous fait gagner tellement de temps que cela devient accessible à tous.
Documenter chaque étape
Ce conseil paraît simple, mais il change tout. Notez chaque piste, chaque image, chaque lien, chaque date. Tenez un journal d’enquête. Non seulement cela vous aide à garder le fil, mais cela vous permet aussi de corriger vos erreurs ou de revenir sur une intuition.
Beaucoup d’enquêteurs amateurs se perdent parce qu’ils n’organisent pas leurs informations. L’I.A peut vous aider, mais elle ne devine pas quelle piste vous avez déjà explorée.
Accepter l’incertitude
L’OSINT n’offre pas toujours des conclusions parfaites. Parfois, vous obtenez des indices très forts, mais pas une réponse absolue. Parfois, vous devez accepter qu’une partie de l’information n’est plus disponible, ou que les pistes sont trop faibles.
L’important n’est pas de tout trouver, mais d’avancer avec méthode.
L’erreur de débutant la plus courante : la précipitation
Lorsque l’on découvre l’OSINT, on se laisse souvent emporter par l’enthousiasme. On court d’un outil à l’autre. On se persuade trop vite d’avoir trouvé une piste solide. On conclut avant d’être sûr.
C’est normal. Mais l’I.A amplifie ce phénomène, car elle vous donne des résultats instantanés. On peut alors sombrer dans une illusion de maîtrise.
La meilleure manière de progresser, ironiquement, est de ralentir. De prendre le temps de comparer les résultats. De regarder les incohérences. De vérifier une dernière fois. De garder une trace écrite.
Construire votre propre enquête OSINT assistée par I.A : un guide pas-à-pas pour débutants
Étape 1 : formuler une question claire
Toute enquête commence par une intention. C’est une étape essentielle, car une question floue produit des résultats flous. L’erreur classique consiste à se dire : « Je vais tout analyser et voir ce que je trouve. » L’I.A fonctionne mieux lorsque l’objectif est net.
Par exemple, si vous recevez un SMS suspect, votre question peut être : « Cette personne est-elle réellement celle qu’elle prétend être ? »
Si vous repérez un profil étrange sur un réseau social : « Ce compte est-il authentique ou lié à une campagne automatisée ? »
Une question claire guidera toutes les analyses de votre enquête OSINT et permettra à l’I.A de comprendre votre intention sans interprétation inutile.
Étape 2 : collecter les données visibles
C’est la phase d’observation. Ici, vous rassemblez tout ce que vous voyez, sans essayer d’interpréter. Le danger serait de conclure trop vite.
Vous notez :
- les pseudos,
- les photos,
- les dates de création,
- les liens associés,
- les descriptions,
- les messages,
- les interactions,
- les éventuels sites web.
L’I.A n’analysera rien tant que vous ne lui fournissez pas cette matière première. Dans de nombreux cas, plus vous lui donnez de données en entrée, plus elle sera capable de vous aider efficacement.
Étape 3 : analyser avec l’I.A, mais intelligemment
Lorsque vous utilisez un outil d’I.A OSINT (Blackbird, IntelX, Sensity, Forensically I.A, FaceCheck, Hugin, etc.), votre rôle est de conduire l’outil, pas de le suivre aveuglément.
Vous pouvez, par exemple, demander :
- « Identifie les incohérences entre ces données. »
- « Classe les informations par famille. »
- « Trouve des éléments géographiques potentiels dans cette image. »
- « Compare ce message avec d’autres textes pour voir si le style correspond. »
- « Analyse les visages visibles dans ces photos et indique les probabilités de correspondance. »
L’I.A peut identifier des éléments invisibles à l’œil nu, proposer des pistes, ou simplifier une masse d’informations illisible pour un humain.
Mais c’est vous qui gardez le contrôle du raisonnement.
Étape 4 : vérifier manuellement les résultats
C’est l’étape la plus importante, et pourtant celle que les débutants négligent le plus souvent. Ce n’est pas parce que l’I.A vous indique qu’un lieu ressemble à Barcelone à 85 % que vous devez y croire sans réflexion.
À cette étape, vous faites preuve de bon sens, d’esprit critique et de recul. Vous allez chercher un deuxième outil pour confirmer. Vous comparez. Vous observez à nouveau.
L’I.A propose. Vous validez.
Cette distinction transforme un simple curieux en enquêteur OSINT fiable.
Étape 5 : organiser et documenter l’enquête
Un bon enquêteur OSINT garde une trace de tout. Non pas pour la beauté du geste, mais parce que les pistes s’entremêlent vite. Il est fréquent de revenir trois jours plus tard sur une image que l’on croyait secondaire.
Vous pouvez tenir :
- un carnet,
- un dossier structuré,
- un document chronologique,
- un tableau simple.
L’I.A peut vous aider à classer, nommer ou résumer. Par exemple :
- « Classe ces éléments par source. »
- « Résume les trois étapes clés de cette enquête. »
- « Regroupe les incohérences détectées depuis le début. »
Ce travail d’organisation, même modeste, multiplie vos chances de trouver la vérité.
Exemple complet : enquête fictive sur un faux profil LinkedIn grâce à l’I.A
Pour bien ancrer les concepts, voici une enquête fictive mais très réaliste, inspirée d’un cas qui arrive régulièrement.
La situation de départ
Vous recevez sur LinkedIn un message d’un profil élégant, photo professionnelle, description parfaite, mais qui vous propose une opportunité un peu trop alléchante. Par prudence, vous décidez de mener une mini-enquête OSINT.
1. Observation initiale
Vous notez que :
- le profil n’a que 27 contacts,
- son historique professionnel est parfaitement linéaire (trop linéaire),
- aucune interaction réelle sous ses publications,
- l’adresse du site de son entreprise semble récente.
Jusqu’ici, rien n’est certain, mais l’ensemble parait un peu trop « propre ».
2. Analyse de l’image avec l’I.A
Vous importez sa photo dans un outil comme FaceCheck. Résultat : 9 correspondances potentielles… dont un mannequin professionnel apparaissant dans une banque d’images libre de droits.
L’I.A vous indique même la photo originale utilisée pour créer le faux profil.
3. Analyse du texte
Vous copiez-collez son message dans un outil d’analyse linguistique.
L’I.A repère :
- une structure proche de modèles utilisés dans des campagnes de faux recrutements,
- un vocabulaire identique à un message signalé quelques semaines plus tôt sur un forum,
- un style trop générique pour un vrai cadre supérieur.
4. Recherche du domaine
L’analyse indique :
- site créé il y a deux semaines,
- hébergement dans un pays inhabituel pour l’entreprise mentionnée,
- absence de mentions légales.
5. Conclusion
Avec ces éléments, vous savez que :
- la photo est fausse,
- le message est suspect,
- l’entreprise n’existe probablement pas.
Votre enquête OSINT assistée par I.A a duré moins de 20 minutes.
Sans I.A, elle aurait peut-être duré deux heures… ou aurait été abandonnée faute de temps.
Comment progresser en OSINT avec l’I.A : état d’esprit, conseils et bonnes pratiques
Cultiver la patience
L’enquête OSINT demande de la méthode. Parfois, vous verrez immédiatement une incohérence flagrante. D’autres fois, vous devrez creuser pièce par pièce, comme un puzzle complexe. L’I.A accélère la recherche, mais elle ne récompense que ceux qui avancent étapes par étapes.
Un enquêteur impatient conclut trop vite. Un enquêteur patient trouve ce que les autres manquent.
Développer son instinct numérique
À force d’observer des profils, des images, des messages, vous développerez un instinct. Par exemple, vous repérerez intuitivement qu’une photo de profil semble trop lisse, ou qu’un texte semble trop générique. L’I.A vous aidera ensuite à confirmer ce que votre intuition a détecté.
Un peu comme un débutant aux échecs qui repère enfin les pièges qu’il ne voyait pas avant.
Apprendre à douter… mais pas trop
En OSINT, le doute est une qualité. Le doute vous empêche de croire la première piste venue. Le doute vous pousse à vérifier vos propres hypothèses. Mais trop de doute peut aussi vous paralyser.
L’I.A aide à structurer vos analyses, mais elle ne décide jamais pour vous. Ce n’est pas une boule de cristal. C’est un outil de réflexion.
Rester humble face à l’information
L’une des plus grandes forces de l’OSINT est de nous rappeler que l’on ne sait jamais tout. Ni vous, ni moi, ni même l’I.A. Il arrive qu’une enquête se termine sans réponse, faute d’informations. Ce n’est pas un échec. C’est la réalité du monde numérique.
Un bon enquêteur OSINT sait reconnaître lorsque l’on atteint les limites du possible.
Enquêter avec l’I.A, c’est apprendre à mieux regarder le monde numérique
L’OSINT assisté par I.A n’est pas une mode passagère. C’est une nouvelle manière d’observer Internet. Une façon plus rapide, plus efficace, mais aussi plus responsable de comprendre ce qui circule autour de nous. L’I.A met à portée du grand public des capacités d’analyse autrefois réservées à des experts. Et c’est une formidable opportunité.
En apprenant à enquêter, vous découvrez que derrière chaque trace numérique se cache une histoire. Une personne réelle, un contexte, une intention. L’I.A peut vous guider, mais elle ne remplacera jamais votre discernement, votre sens critique, votre prudence. Elle est un partenaire. Pas un pilote automatique.
Ce qui rend une enquête OSINT passionnante, ce n’est pas la technologie. C’est le regard que vous portez sur les choses. L’attention au détail. La satisfaction discrète lorsqu’un puzzle s’assemble enfin. L’éclair de lucidité qui fait tout basculer. La sensation d’avancer dans une direction que peu de gens soupçonnent.
Pour terminer, gardez en tête une idée simple : en maîtrisant l’I.A et l’OSINT, vous ne surveillez pas Internet. Vous apprenez plutôt à vous protéger, à protéger vos proches et à naviguer avec confiance dans un monde où l’information se déplace plus vite que jamais. Et surtout, vous développez une compétence rare, précieuse, et terriblement utile.

Fondateur de l’agence Créa-troyes, affiliée France Num
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